Clamp n'est pas le pseudo d'un dessinateur mais le nom d'un collectif féminin de mangaka qui écrit principalement des Shojo. Mais leur style particulier sait séduire les lecteurs tant féminins que masculins.
Même si tous leurs titres ne sont pas disponibles en France, Clamp est relativement bien distribué en par Pika et surtout Tonkam.
Au commencement, elles étaient douze. Lycéennes à Osaka, la plupart d'entre elles dessinaient déjà des mangas et certaines étaient publiées dans des fanzines. Au fil des années, le groupe se disperse et après une courte période à sept, elles finiront par n’être plus que 4. La majorité des anciens membres de Clamp fait aujourd’hui une carrière solo, plus ou moins réussie.
C'est un vrai travail d'équipe où chacun a sa part de travail et où les conseils sont acceptés seulement s'ils sont francs. Et si ce groupe fonctionne si bien, c'est avant tout, une question de confiance mutuelle. Elles produisent en moyenne 200 pages par mois car elles dessinent pour différents magazines et plusieurs séries en même temps (les autres mangaka ont plutôt une moyenne de 80 pages même avec tous leurs assistants réunis).
OKAWA Nanase
Date de naissance : 2 mai 1967 - Signe : Taureau - Groupe sanguin : A
Elle peut être considérée comme le leader, le porte-parole du groupe. Elle crée les bases des scénarios, définit les grands traits des personnages et le nombre de pages nécessaires pour développer l'intrigue. Elle fignole les petits détails comme les habitudes alimentaires, les anecdotes du passé ou bien encore les tics physiques qui caractérisent les personnages. Elle est la seule à ne pas réellement dessiner. Mais c'est elle qui crée le design des livres (pratiquement aucune série n'a le même genre de couvertures au Japon) et des objets dérivés. Si on apprécie ses incroyables et sublimes intrigues où le drame se joue à chaque page, on regrette souvent les histoires cruelles qui se finissent d'une manière effroyable (trilogie Clamp Campus mise à part).
APAPA Mokona
Date de naissance : 16 juin 1968 - Signe : Gémeau - Groupe sanguin : A
C'est la dessinatrice principale, qui crée ce qu'on appelle le design des personnages. Comme les deux autres, elle appuie comme une brute sur ses feuilles de dessins. Du coup, elles sont obligées d'acheter du papier trois fois plus épais que le papier standard. Son style s'est incroyablement amélioré, et d'un manga à l'autre on peut voir l'étendu de son talent en observant la diversité des ses designs (chobits, X, et Angelic layer, semblent être dessiné par différentes personnes bien que tout soit d'elle)
NEKOI Mick
Date de naissance : 21 janvier 1969 - Signe : Verseau - Groupe sanguin : O
Elle aussi est dessinatrice, mais s'est spécialisée en SD (Super Déformé), les fameuses caricatures des personnages quand ils deviennent tout petits. C'est elle l'auteur des mini journaux à la fin de Clamp School Detectives, Wish, Watashi no sukina hito, Rg Veda, etc... Elle joue parfois solo puisque c'est elle qui a tout fait sur Wish, Watashi no sukina hito, et suki dakara suki, ce qui explique pourquoi les dessins sont d'un style différent des autres mangas parus sous la signature Clamp.
IGARASHI Satsuki
Date de naissance : 8 février 1969 - Signe : Verseau - Groupe sanguin : A
C'est la responsable de la trame, et ce n'est pas un autre mot pour l'intrigue. La trame représente les "couleurs" du manga. Les nuances dans un monde en noir et blanc, c'est primordial. Et dans les oeuvres de Clamp à partir de 1993, ces nuances sont d'une sublime beauté. Vous pouvez rester pendant plusieurs minutes à fixer le dessin, c'est magnifique. Dans Card Captor ou X, la présence des trames transcende les images, et vous êtes touchés par la grâce. Et même dans Tokyo Babylon, avec des décors inexistants, elle souligne les sentiments intérieurs des personnages. Donc rôle plus qu'important. Satsuki est pratiquement la seule à élever la trame au rang d'art, je n'ai trouvé nulle part ailleur des nuances aussi belles.
Voici la liste, non exhaustive, des séries créées par Clamp :
-" Shoten " (doujinshi / 1988)
- " Clamp News " (doujinshi / 1988- 1992) dessins de Akiyama Tamayo , Sei Lisa et Apapa Mokona
- " Derayd " (Manga / 1989), dessins Akiyama Tamayo
- “ Cluster ” (4 vol. / 1990)
- " 20 Menso ni Onegai !! " (2 vol. / 1990), dessins de Apapa Mokona
- " RG Veda " (10 vol. / 1990-96), dessins de Apapa Mokona et Akiyama Tamayo
- " Tôkyô Babylon " (7 vol. / 1991-94), dessins de Apapa Mokona
- " Shin Shunkaden " ( 1992), dessins de Apapa Mokona
- " Yukionna Shô " ( 1992), dessins de Apapa Mokona
- " Hagun Seisenki " ( 1992), dessins de Nekoi Mick
- " Shinkyoku Debide " ( 1992), dessins de Nekoi Mick
- " CLAMP Campus Detective Team " (2 cycles de 3 vol. / 1992-93), dessins de Apapa Mokona
- " CLAMP Campus Police Duklyon " (3 vol. / 1992-93), dessins de Apapa Mokona
- " X " (21 vol. / 1992-toujours en cours), dessins de Apapa Mokona
- " Rex Kyôryû Monogatari " (1 vol. / 1993), dessins de Apapa Mokona
- " Hidarite " ( 1994), dessins de Nekoi Mick
- " Mokona Princess's Picture Book " (1 vol. / 1994), dessins de Nekoi Mick
- " Night Head " (2 vol. / 1994), livre d’illustration
- " Magic Knight Rayearth " (1994-96), dessins de Apapa Mokona
- " Miyukichan in Wonderland " (1 vol / 1995), dessins de Apapa Mokona
- " Watashi no Sukinahito " (1 vol. / 1995), dessins de Apapa Mokona
- " CLAMP in Wonderland " ( 1996), dessins de Nekoi Mick
- " Wish " (4 vol. / 1996-98), dessins de Nekoi Mick
- " Card Captor Sakura " (12 vol. / 1996-2000), dessins de Apapa Mokona
- " Clover " (1997-toujours en cours), dessins de Apapa Mokona
- " Suki dakara Suki " (3 vol. / 1999-2000), dessins de Nekoi Mick
- " Angelic Layer " (5 vol. / 1999-2001), dessins de Nekoi Mick
- " Goho Drug " (3 vol. / 2000)
- " Chobits " (8 vol. / 2001), dessins de Nekoi Mick
- " xxxHolic " (5 vol. / 2003)
- " Tsubasa RESERVoir CHRoNICLE " (8 vol. / 2003-toujours en cours)
Malgré la diversité de leurs séries, Clamp y insère toujours le même genre de personnages centraux. Ils sont ancrés dans leur solitude au milieu du monde mais brillent d’une telle intensité (apparences, esprit, force…) qu’ils attirent les autres à eux. Le thème de la mère (ou plus souvent du parent) absent et récurrent à tous leurs mangas.
Enfin, on doit leur reconnaître un énorme travail de documentation pour toujours incorporer à leurs oeuvres des références philosophiques, religieuses ou symboliques.
Les formules magiques ne sont pas le fruit de leur imagination et les faits surnaturels respectent toujours scrupuleusement les légendes d’origines.
On peut distinguer trois thèmes majeurs, véritables leitmotivs communs à toutes les oeuvres de Clamp, la perfection au féminin, les travers de la société et l'amour sans limite.
Dans les oeuvres de Clamp, les perso principaux sont le plus souvent des hommes qui frôlent la perfection.
Mais dans l’univers de Clamp, la définition de la perfection diffère de celle que l’on connaît : il s’agit pour les hommes d’atteindre l’égalité avec les femmes (et non l’inverse). Les garçons sont intelligents, beaux (bien que d’un genre plutôt androgyne), sportif et excellent dans les tâches ménagères. Pourtant, ces héros jeunes (Li, Saïki…) ou plus âgés (Fujitsuka, Obsidian, Aoki…) ne vivent que pour protéger les femmes importantes dans leur vie.
La meilleure représentation de ce phénomène est la série Clamp School Detectives : âgés d’une dizaine d’années, les trois héros sont les trois faces de la perfection et mettent tous leurs talents au service des femmes en détresses.
Enfin, malgré tous leurs efforts, les personnages masculins sont toujours supplantées par une femme qui comprendra tout avant tout le monde (Tomoyo, Hokuto…) mais qui ne peuvent se passer de l’appui des gens qu’elles aiment.
Féminine et féministe, elles affichent la supériorité de la femme dans leur univers.
L’écologie est un des problèmes les plus souvent abordés par Clamp dans leurs oeuvres. Souvent basé sur des légendes, leurs séries donne une importance non négligeable à la nature, qui passe de ‘simple décor’ à ‘personnage en puissance’. La nature et la Terre sont même le point d’orgue de X, puisque le héro devra choisir entre sauver les humains (et condamner la Terre à dépérir petit à petit) ou bien la planète (signant ainsi l’extinction du genre humain). Cependant, elles ne donnent pas de jugement définitif, elles avancent leurs ‘hypothèses’ sans en les marteler pour faire pencher le lecteur d’un côté de la balance. A nous de nous faire notre propre idée ! Cela rend leur discours beaucoup plus profond.
On remarque cependant que leurs espérances penchent vers la sauvegarde de la nature car, dans leurs séries, beaucoup de personnages positifs ont une relation intime avec la nature (Kotori et un des Dragons de la Terre dans X, les anges dans Wish…).
On constate que ces citadines témoignent de leur malaise au travers de leurs mangas, car elles y incluent souvent leur peur de la pollution et des destructions massives engendrées par l’Homme à cause de son incompréhension de l’environnement. Les fleurs et les plumes sont un élément important de l’arrière-plan (même lorsque cela n’a aucun rapport avec l’endroit où l’action se déroule).
De même, elles n’épargnent pas leurs concitoyens, passant les valeurs de la société nippone au crible. Au travers de belles histoires, Nanase Ohkawa essaie de dispenser une prise de conscience au japonais. Le discours est toujours légèrement moraliste, déplorant le modernisme à outrance et le rejet des traditions qui sont une réalité du Japon d’aujourd’hui.
Tokyo Babylon, titre phare et emblème de Clamp, fait évoluer Subaru Suméragui durant sept volumes dans les drames poignants et banals vécus par les citadins : solitude de la vieillesse, don d’organe, rejet des personnes handicapées…
En cela, elle a toujours été en avance sur son temps puisque ces problèmes sont aujourd’hui celles affichées par la plupart des pays occidentaux.
En résumé, Clamp ne sont pas adeptes d’histoires simples. Chaque titre illustre que même avec les meilleures intentions du monde, on peut courir à sa perte. Les ‘’méchants’ ont toujours d’aussi bonnes (et défendables) raisons de gagner que les héros. Le concept du bien et du mal n’existe pas vraiment dans l’univers Clamp. Le plus souvent, il s’agit de deux bonnes causes mais qui s’avèrent simplement opposées.
"Ça n'existe pas une personne qu'on ne doit pas aimer." (Hokuto dans Tokyo Babylon).
Dans la société de Clamp, les gens n'ont pas un mauvais fond, mais simplement des idéaux différents.
L’amour dans les séries de Clamp prend une autre dimension que dans les autres séries. Tout d’abord, l’amour est quelque chose qui ne se contrôle pas. Un peu comme le destin, on l’accepte ou on le subit. Ainsi, les couples créés (hétéro ou homo) vont transmettre une douleur et un plaisir d’aimer inégalés grâce au graphisme particulier de Clamp.
Les raisons pour lesquels les personnages tombent amoureux ne sont jamais physiques mais psychologiques, ainsi, on peu comprendre que le sexe de la personne aimé n’a aucune incidence sur le désir et la passion qui animeront les personnages. Ils ne vivent que pour combler l’être cher, même si pour cela, ils sont obligés de souffrir. Ainsi, la mère de Fuma se sacrifiera pour la mère de Kamui et lui permettre d’élever le sauveur du monde.
La quête de l’amour des personnages est le plus souvent cruelle. Dans Tokyo Babylon, Subaru est amoureux de la personne (Seishirô) qui tuera sa soeur et deviendra aisni son ennemi mortel (dans X) : le fait qu’ils soient deux garçons est anecdotique car c’est la douleur de la trahison par l’être le plus cher que Clamp met en avant.
Le graphisme de Clamp sait rendre les couples gays aussi (voire plus) attendrissant que les couples présents dans d’autres séries. Il est toujours question d’un amour pudique, très spirituel (un regard, une main restée longtemps sur une joue, une étreinte…) et la sexualité des membre du couple ne jouent aucunement sur ce romantisme.
Pour preuve, dans l’ensemble de leurs séries, il n’est question que de trois rapports sexuels, qui sont dans 3 mangas différents (Clover, Wish et X).
Pour elles, la souffrance est indissociable de l’amour et son aboutissement est toujours inconnu : bonheur dans Wish, tristesse dans X et désespoir dans Tokyo Babylon.
Le véritable amour est d’aimer jusqu’au bout, de toute son âme.
(*) Les bibliographies respectives sont inspirées du site Chroniscope